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Au coin des Poètes de Morlacca

Site d'échanges poétiques

Séance du 07/12/2022 : " La Fête"

Trois poètes ont été privilégiés cette fois- ci pour le thème de la fête :

Hugo ( 1802 – 1885)

Verlaine (1844- 1896)

Prévert ( 1900- 1977)

De Hugo, on a lu un extrait de La Fête chez Thérèse ( Les Contemplations 1856)

Fête de village en plein air et Célébration du 14 Juillet dans la forêt ( Les Chansons des rues et des bois 1865)

De Verlaine, on a entendu L’ Enterrement ( Poèmes Saturniens 1866)

Clair de lune, Mandoline ( Les Fêtes Galantes 1869)

Chevaux de bois ( Romances sans paroles 1874)

«  C’ est la fête du blé, c’ est la fête du pain » ( Sagesse 1881)

Prévert a écrit sur le thème de la fête :

Epiphanie ( Paroles)

Fête foraine( Paroles)

Jour de fête ( à la grenouille)

On a lu aussi :

La Fête à l’ Hôtel de ville ( Michel Agénor Altaroche 1811- 1884)

Fêtes ( Eluard 1895- 1952)

Joie de Printemps ( Lucie Delarue- Mardrus 1874- 1945)

Extraits de Rêverie de Nouvel An ( Les Vrilles de la Vigne Colette 1873- 1954)

Poèmes d’ Hervé : souvenirs des Noëls d’ enfant.


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La prochaine réunion du Coin des Poètes aura lieu

le lundi 23 Janvier à 15 h chez Hervé.
 

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Hervé a proposé:

C’est la Fête !

Ce soir, le ciel rosit sous des nuées légères

L’air tout à coup plus vif raidit les membres gourds

Lui, s’avance maintenant d’un mouvement moins lourd

Rien vraiment ne le presse. Il voit les étagères

Les devantures dorées qui attirent le chaland

Brillant de mille feux et toutes illuminées

Des jambons suspendus, des bouteilles alignées,

Comme le veut la coutume en cette fin de l’an.

C’est la Fête !

 

La musique dans la rue lui réchauffe le cœur

Des notes qui lui reviennent de son temps d’enfant

Avec des sons de cloches et un jeu d’oliphant

Bel espace de joie pour chasser sa rancœur

A chaque coin de ville une chanson s’égraine

Des groupements joyeux s’annoncent ça et là

En costumes élégants, parures de gala

Et encore plus loin de si chaudes rengaines.

C’est la Fête !

 

Des odeurs de beignets caressent ses narines,

Toutes sucrées et douces à rêver, à ravir,

Des pommes en caramel reviennent en souvenir

Des effluves gourmandes qui dans le vent cheminent.

Dans un immense chaudron une barbe à papa

S’enroule longuement au bout de son bâton

Des châtaignes qui grillent comme de petits tétons

Comme cela est plaisant. Il ne s’en étonne pas.

C’est la Fête!

 

Alors il est heureux comme il l’était avant

Quand il était gamin les yeux pleins d’étincelles

Qu’il attendait curieux croyant que Père Noël

Et son traîneau arrivent avec ses rennes devant.

Que les chaussures luisaient près de la cheminée

Il revoit le sapin que décorait son père

Surmonté d’une étoile, magnifique repère

Et les plats délicieux de sa mère au dîner.

Pour la Fête !

 

Maintenant Il s’éloigne et s’enfonce dans la nuit,

Il laisse derrière lui les parfums, les musiques,

Qui doucement s’estompent dans son quartier mutique

Où règne l’isolement et où plane l’ennui.

Parfois, oui, il reprend le refrain entendu,

Ses paroles lui reviennent du fond de sa mémoire.

Il sortira biscuits et vin de son armoire

Allumera des bougies pour Ce soir attendu.

C’est la Fête !

 

Peut-être que sa voisine, au verbe haut en couleur

Viendra un court instant comme elle l’a proposé

Égayer son repas plus qu’ il n’aurait l’oser

Et dans cette froide nuit lui apporter chaleur.

Ils se raconteront des histoires de pays

De traditions anciennes, de croyances diverses,

Pour reléguer au loin le monde et ses averses

Et se tendre une main généreuse entre amis.

C’est la Fête !

HM Nov22

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Soir de Fête

Sur la pelouse, près du château,

Sont alignées, tendues et fières

Les voiles blanches du chapiteau

Éblouissantes de lumières

 

Des airs joyeux se font entendre

Les amoureux sont en goguette

Les confiseries au sucre tendre

Couvrent les gamins de paillettes.

 

Les manèges tournent sous les lampions

Et offrent leurs pompons moqueurs :

A qui mieux mieux! Vivent les champions!

 

Une douce brise charme les têtes

Un goût de joie emplit les cœurs

On danse, on rit, c’est soir de fête.

HM Dec 2022

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Soir de Fête

Sur la grande pelouse, près de l’ancien château,

Au long des armatures s’étirent, tendues et fières

Sous un ciel de lune, les voiles du chapiteau

Éblouissant la nuit de toutes leurs lumières.

 

Les airs de l’harmonie joyeuse se font entendre

Les amoureux du jour sont sortis en goguette

Des confiseries constellent de leur sucre tendre

Les joues roses des gamins: étoiles et paillettes.

 

Les manèges ivres-fous tournent sous les lampions

Et offrent à qui mieux mieux leurs gros pompons moqueurs :

Lorsque c’est attrapé l’on crie Gloire au champion!

 

Une brise charmante fuse à chavirer les têtes ,

Un goût de doux bonheur s’insinue dans les cœurs

On danse, on rit, on chante, car ce soir c’est la fête.

HM Dec 2022

 

Il n’est de belle fête sans femme ni bon vin,

Nous ne sommes point ici venu pour vous apprendre

Qu’afin de s’échauffer et pour mieux s’éprendre

L’âme doit se conforter et s’emplir de divin.

 

Ainsi environnés et choyés de ces muses

Qui nous bercent de lyre et de parfums fleuris

Nos sentiments s’animent et nos ardeurs s’amusent

Sous les lampions d’un soir dans la douce prairie.

 

Il nous prend alors sous ses voiles du soir

D’admirer à plaisir aller une balancelle

De voir dans de beaux yeux des lueurs d’espoir

 

Lorsque la coupe se vide «Donne qu’on redemande!»

Rien n’est plus beau alors que cette jouvencelle

Qui laisse son perchoir pour plaire à la commande.

HM Dec

 

 

La fête par Michel Fugain

Tiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête
Jeunes et vieux grands et petits
On est tous amis
C'est la fête, la fête

C'est comme un grand coup de soleil
Un vent de folie
Rien n'est plus pareil
Aujourd'hui
Le monde mort et enterré
A ressuscité
On peut respirer
C'est la fête, la fête

Jusque sur le goudron


Merde que ma ville est belle
Avec ces gosses qui jouent
Qui rigolent et qui cassent tout
Qui n'ont plus peur du loup !


Et l'eau c'est vraiment de l'eau
Que l'on peut boire au creux des ruisseaux


Venez danser dans la rue
Ce n'est plus défendu
C'est la fête, la fête
En vérité je vous le dis
C'est le paradis
C'est la fête, la fête

C'est comme un grand coup de soleil
Un vent de folie
Rien n'est plus pareil

Aujourd'hui
On a les yeux écarquillés
Sur la liberté
Et la liberté
C'est la fête, la fête.

 

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C'est la fête aux copains
C'est la fête à Pantin
C'est la fête à Paname
C'est la fête aux Lilas
La fête ici et là
C'est la fête à mon âme


Il y a du défilé
Du bal dans les quartiers
Des moufflets que l'on gronde
C'est la fête aux barbus
C'est la fête aux cocus
C'est la fête à tout le monde

Quatorze, c'est fou c'que t'es triste
Quand sur un édifice
T'es suivi de dix-huit
Quatorze, c'est fou c'que t'es gai
Quand au calendrier
T'es suivi de Juillet

C'est la fête aux copains
C'est la fête aux trottins
Qui suivent la musique
C'est la fête aux marins
Qui montrent dans un coin
Comme on danse en Afrique

C'est la fête à Taupin
Le vieux Républicain
Qui règle les sous-tasses
C'est la fête aux tambours
C'est la fête à l'amour
Où tout le monde s'embrasse

Allez, allez, allez, viens...

C'est la fête à Meudon
C'est la fête aux lampions
C'est la fête aux étoiles
C'est la fête en plein air
Il y a d'la joie dans l'air
Et du vent dans les voiles

C'est la fête à la rue
Où tous ces inconnus
Vont ranimer leur flamme
C'est la fête où l'on rit
En voyant que Paris
Sera toujours Paname

Allez, allez, allez, viens...

C'est la fête à nous deux
Si tu me pousses un peu
Je t'ai dit Je t'adore
Quand tu m'as répondu
Ma parole t'as foutu
Mon cœur en tricolore

Et c'est la fête à toi
Et c'est la fête à moi
C'est la fête aux bêtises
Dans une rue perdue
Quand je te dis " veux-tu ? "
Je vois tes yeux qui disent...

Ah, ça ira, ça ira, ça ira…

de Jean Ferrat

 

 

C'est la fête du blé, c'est la fête du pain
Aux chers lieux d'autrefois revus après ces choses !
Tout bruit, la nature et l'homme, dans un bain
De lumière si blanc que les ombres sont roses.

L'or des pailles s'effondre au vol siffleur des faux
Dont l'éclair plonge, et va luire, et se réverbère.
La plaine, tout au loin couverte de travaux,
Change de face à chaque instant, gaie et sévère.

Tout halète, tout n'est qu'effort et mouvement
Sous le soleil, tranquille auteur des moissons mûres,
Et qui travaille encore imperturbablement
À gonfler, à sucrer là-bas les grappes sûres.

Travaille, vieux soleil, pour le pain et le vin,
Nourris l'homme du lait de la terre, et lui donne
L'honnête verre où rit un peu d'oubli divin.
Moissonneurs, vendangeurs là-bas ! votre heure est bonne !

Car sur la fleur des pains et sur la fleur des vins,
Fruit de la force humaine en tous lieux répartie,
Dieu moissonne, et vendange, et dispose à ses fins
La Chair et le Sang pour le calice et l'hostie !

Paul Verlaine (1844-1896)
Recueil : Sagesse (1880) -- Partie III

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Hervé a proposé:

Où vas-tu mon enfant avec ces fleurs
Sous la pluie Il pleut, il mouille
Aujourd’hui c’est la fête à la grenouille
Et la grenouille
C’est mon amie

Voyons
On ne souhaite pas la fête à une bête
Surtout à un batracien
Décidément si nous n’y mettons bon ordre
Cet enfant deviendra un vaurien
Et il nous fera voir
De toutes les couleurs
L’arc-en-ciel le fait bien
Et personne ne lui dit rien
Cet enfant n’en fait qu’à sa tête
Nous voulons qu’il en fasse à la nôtre

Oh ! mon père !
Oh ma mère !
Oh ! grand oncle Sébastien !

Ce n’est pas avec ma tête
Que j’entends mon coeur qui bat
Aujourd’hui c’est jour de fête
Pourquoi ne comprenez-vous pas
Oh ! ne me touchez pas l’épaule
Ne m’attrapez pas le bras
Souvent la grenouille m’a fait rire
Et chaque soir elle chante pour moi
Mais voilà qu’ils ferment la porte
Et s’approchent doucement de moi
Je leur crie que c’est jour de fête
Mais leur tête me désigne du doigt
.     

de Jacques Prévert

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Marianne a proposé:

Michel ALTAROCHE, Marie Durand Michel Agénor Altaroche, né le 18 avril 1811(1811 - 1884) à Issoire (Puy-de-Dôme) et mort le 13 mai 1884 à Vaux, commune de Méry-sur-Oise,est un journaliste, chansonnier et homme de lettres français, commissaire du Gouvernement provisoire pour le Puy-de-Dôme en 1848, représentant de ce même département à l’Assemblée constituante de 1848.

 

La fête à l'Hôtel de Ville
Accourez vite à nos splendides fêtes !
Ici banquets, là concert, ailleurs bal.
Les diamants rayonnent sur les têtes,
Le vin rougit les coupes de cristal.
Ce luxe altier qui partout se déroule,
Le peuple va le payer en gros sous.
Municipaux, au loin chassez la foule.
Amusons-nous !

Quel beau festin ! mets précieux et rares,
Dont à prix d'or on eut chaque morceau,
Vins marchandés aux crus les plus avares
Et que le temps a scellés de son sceau...
Quel est ce bruit ?... - Rien, c'est un prolétaire
Qui meurt de faim à quelques pas de vous.
- Un homme mort ?... C'est fâcheux ! Qu'on l'enterre.
Enivrons-nous !

Voici des fruits qu'à l'automne
Vole à grand frais l'été pour ces repas :
Là, c'est l'Aï dont la mousse écumeuse
Suit le bouchon qui saute avec fracas...
Qu'est-ce ?... un pétard que la rage éternelle
Des factieux ? - Non, non, rassurez-vous !
Un commerçant se brûle la cervelle...
Enivrons-nous !

Duprez commence... Ô suaves merveilles !
Gais conviés, désertez vos couverts.
C'est maintenant le bouquet des oreilles ;
On va chanter pour mille écus de vers.
Quel air plaintif vient jusqu'en cette enceinte ?...
Garde, alerte ! En prison traînez tous
Ce mendiant qui chante une complainte...
Enivrons-nous !

Femmes, au bal ! La danse vous appelle ;
Des violons entendez les accords.
Mais une voix d'en haut nous interpelle .
Tremblez ! tremblez ! vous dansez sur les morts
Ce sol maudit que votre valse frôle,
Le fossoyeur le foulait avant nous... "
Tant mieux ! la terre est sous nos pieds plus molle.
Trémoussez-vous !

Chassons bien loin cette lugubre image
Qui du plaisir vient arrêter l'essor.
Déjà pâlit sous un autre nuage
Notre horizon de parures et d'or.
C'est Waterloo... Pardieu, que nous importe !
Quand l'étranger eut tiré les verroux,
On nous a vu entrer par cette porte...
Trémoussez-vous !

Çà, notre fête est brillante peut-être ?
Elle a coûté neuf cent vingt mille francs.
Qu'en reste-t-il ? Rien... sur une fenêtre,
Au point du jour, des lampions mourants.
Quand le soleil éclairera l'espace,
Cent mobiliers seront vendus dessous.
Vite, aux recors, calèches, faites place...
Éloignons-nous !

Pierre a proposé:

Paroles

J'aime la foire où pour trois sous
L'on peut se faire tourner la tête
Sur les manèges aux chevaux roux
Au son d'une musique bête

Les lampions jettent au firmament
Alignés en nombre pair
Comme des sourcils de géant
Leurs crachats de lumière

Les moulins tournent, tournent sans trêve
Emportant tout notre argent
Et nous donnant un peu de rêve
Pour que les hommes soient contents

Ça sent la graisse où dansent les frites
Ça sent les frites dans les papiers
Ça sent les beignets qu'on mange vite
Ça sent les hommes qui les ont mangés

Partout je vois à petits pas
Des couples qui s'en vont danser
Mais moi sûrement je n'irai pas
Grand-mère m'a dit de me méfier

Et lorsque l'on n'a plus de sous
Pour se faire tourner la tête
Sur les manèges aux chevaux roux
Au son d'une musique bête

On rentre chez soi lentement
Et tout en regardant les cieux
On se demande simplement
S'il n'existe rien de mieux

J'aimais la foire où pour trois sous
On pouvait s’ faire tourner la tête
Sur les manèges aux chevaux roux
Au son d'une musique bête

J.BREL

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Titre : Fêtes de village en plein air

Le bal champêtre est sous la tente.
On prend en vain des airs moqueurs ;
Toute une musique flottante
Passe des oreilles aux coeurs.

On entre, on fait cette débauche
De voir danser en plein midi
Près d'une Madelon point gauche
Un Gros-Pierre point engourdi.

On regarde les marrons frire ;
La bière mousse, et les plateaux
Offrent aux dents pleines de rire
Des mosaïques de gâteaux.

Le soir on va dîner sur l'herbe ;
On est gai, content, berger, roi,
Et, sans savoir comment, superbe,
Et tendre, sans savoir pourquoi.

Feuilles vertes et nappes blanches ;
Le couchant met le bois en feu ;
La joie ouvre ses ailes franches :
Comme le ciel immense est bleu !  
                                                                             
Victor Hugo.
(1802-1885)                                                                                                         Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865).

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