Juin : Etre en EHPAD

Être en EHPAD

Camarade,

N’en fais pas une salade

C’est juste une petite ballade

Quelques dégringolades

Des jérémiades

Mais quelle rigolade !

Entre la vie,

l’envie,

la mort

Drôle de ballade,

Coquin de sort.

De toutes les façons : on en sort,

HM Juin 2022

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Dis, dis,

La maladie

Quelle comédie !

Tu vas, tu viens,

Je te retiens

On s’crée des liens

Toi tu t’accroches

Et m’vides les poches

Tu me fais moche

Tu me fais mal

Tu me fais sale

Tu me fais pâle

On est suivi

On en survit

La maladie

Dis, dis !

HM Juin 2022

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La vie

Ça veut pas des vieux

La vie !

Ça veut des jeunes

Fun, fun !

Oui mais…

Les vieux

Ça aime encore

La vie

Dans leur vieux corps !

Alors

La vie

Elle leur fait mal

Souliers de bal

Elle les pourrit

Sacré souris

Elle les tracasse

Dans leur carcasse.

Alors les vieux, la vie,

Dernière envie

Ils s’en débarrassent 

De la vie!

HM 17 Juin 2022

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La roulante

Elle passe chaque jour

Dans la salle de séjour

Inlassable la roulante

Chargée de soupe fumante

Ou d’assiette garnies

Comme le ferait au nid

De plumes et de roseaux

Une mère à ses petits oiseaux.

Elle va de table en table

Souriante et affable.

Eux, silencieux, assis

Suivent de leur yeux rassis ,

Amoindris, fatigués,

Sans envie au milieu du gué

Ce que l’AS verticale

Mettra dans leur timbale.

Rien n’est plus à leur goût

Ni fromage, ni ragoût

Ils n’y toucheront guère

Tout leur paraît amer.

Même la bonne fricassée

Même le flan pâtissier.

Leur coupe à moitié vide

Penche dans leur main livide.

Ils trinquent au nouveau jour

Ils boivent à leurs amours,

Au bon temps qui s’efface.

A la roulante qui passe.

HM 18/06

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Chacun fait de qu’il peut

Chacune fait ce qu’elle veut

Pas toujours, mais parfois,

Me semble-t-il, ma foi.

Le gestes du quotidien

Qui nous plaisent si bien

Se tourner dans son lit

Se relever la nuit,

Tirer à soi son drap

Bien allonger son bras,

Parfaire sa toilette

Choisir quelle chemisette

Quelle jupe ou veston

Seront dans le bon ton.

Ensuite aller venir.

Feuilleter son journal

N’est certes d’aucun mal,

Créer du souvenir

Entasser du passé

Enfin se prélasser

Chaque jour est de fête

Quand on est en retraite

Chacun fait ce qu’il peut

Chacune fait ce qu’elle veut

Sauf quand on est trop vieux.

HM 18/06

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Elle a sonné une fois,

Elle a sonné dix fois,

Cent fois

En vain

Mets de l’eau dans ton vin

La sonnette est cassée

La serveuse dépassée

Le système fracassé

Y a plus qu’à trépasser

Ou dans sa couche : pisser

Et encore attendre

Pleurer à âme fendre

Tout doucement en soi

Sans dire son désarroi

D’avoir besoin d’un autre

D’être devenue une autre

Qui avance sur des roues

Qui ne va pas partout

Qui attend tout de tout

Qui ne vit plus du tout.

Alors, elle se raisonne

Alors elle pardonne

Alors elle se renfrogne

Encore une fois, elle sonne

Et le silence résonne.

HM 18/06

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Ce coussin de papier

Qui la dérangeait

Et qui la démangeait

Elle l’a déplié

D’une main

Enfoncée dans sa couche

Puis l’a mise à la bouche

Triste chemin.

D’un geste expert

Sans plus de retenue

Elle s’est mise nue

Et en a recouvert

Les murs

De sa chambre

Couleur ocre ambre

Pauvre démesure.

Elle voulait

Se laver en sortir

Pleine de repentir

Elle voulait

Elle ne savait plus quoi

Être ailleurs

De tout cœur

Être chez soi.

Mais elle ne sait plus où

La soignante

Patiente

A nettoyé partout.

HM 19/06

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La famille était là

Les enfants, les petits

Mais voilà

Plus rien sur le tapis

Juste un instant avant

On parlait, on riait

Des souvenirs d’antan

De ceux qu’on mariait

Des vacances à venir

Où on allait aller,

Des nouveaux souvenirs,

Des futures envolées

Des promenades ensemble

Même si la vie s’en va

Et qu’au fond on en tremble

Sans bien savoir pourquoi.

Ensuite il a visité

Cette grande résidence

Qui pouvait enchanter

Par sa belle prestance.

Les gens qu’il rencontrait

Lui donnaient un sourire

D’autres plus en retrait

Paraissaient s’endormir.

La visite achevée

Il cherche autour de lui

Seule sur le chevet

Une lanterne luit.

Plus de bruits, plus de pas

Plus une seule parole

Une fiche annonce l’heure du repas

Comme tout cela est drôle.

La famille était là

Les enfants, leurs petits

Mais voilà

Tout le monde est parti.

HM 19/06

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Je suis tombé du lit

Comme un oiseau du nid

J’y étais bien au chaud

Couvert tout comme il faut

La garde de nuit était passée

Un peu rapide, un peu pressée

Je voulais lui dire quelque chose

Lui dévoiler le pot-aux-roses

Que j’avais soif ou un peu faim

Enfin toujours le même refrain

On a un petit besoin caché

Qui nous ennuie une fois couché

On se dit attendons le matin

Soyons patient, soyons hutin

On verra mieux avec le jour

Mais cela ne marche pas toujours

J’ai patienté et attendu

Au bout du compte, me suis rendu

J’ai essayé de me lever

Sur un coude me suis soulevé

Mes couvertures j’ai enjambé

Boubadaboum je suis tombé.

Plus de peur que de mal

Juste groggy, un peu pâle.

Le nez dans la poussière

Ma chemise à l’envers.

Elle l’a dit l’infirmière

Si tu tombes : deux barrières.

HM 24/06

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